31 mai 2009

Ciao Carmela !


Carmela sur le passeport, mais Carmen pour tous, voire Tana pour les portenos, c'était ma coloc ici, rencontrée un jour de Noël à Rio de Janeiro il y a quelques hivers, et qui par coïncidence, ou parce que c'était écrit, s'est retrouvée à Buenos Aires en même temps que moi. Cette semaine, elle nous a laissé un lit vide à la maison et c'est un peu d'Italie qui est partie avec elle. Elle nous a quittées pour rejoindre ses amis à Rome, l'été de l'hémisphère nord, sa plage de Salerno, ses cannelonis et sa mozzarella, grand bien lui fasse, hija de p...
Bombon méditerranéen 100% made in Italy, venu tout droit d'un paradis du sud, la côte amalfitaine, un caractère à faire bouillir l'huile d'olive, le regard napolitain qui tue et qui a laissé plus d'un Argentin sur le bas côté, un sourire à faire taire les grillons, un cliché à elle toute seule, et c'est pour ça que je l'aime, hija de p...
Carmen est sur son fuseau horaire à elle, c'est à dire une bonne heure et demi après les autres, et dieu sait que j'ai eu maintes fois envie de la jeter par la fenêtre à cause de ça, hija de p....
Carmen parle espagnol avec un accent portugais et quelques mots d'italien au milieu, et moi, crédule, je m'imagine en l'écoutant apprendre de nouveaux mots ! Une hija de p... je vous le dis.
Elle est une multilingue qui m'impressionne, elle parle indifféremment son dialecte italien avec sa famille, l'italien, l'espagnol, le portugais, lutte un peu en français et en anglais mais se débrouille quand même et a des souvenirs d'allemand.
Elle imite le porteno chamuyero comme personne.
Carmen ne monte jamais dans un ascenseur toute seule et sonne donc l'interphone quand elle arrive à la maison, et moi, bonne poire, je descends la chercher pour remonter avec elle. Véridique.
Avant de sortir de la maison, Carmen n'oublie jamais d'embrasser la photo de son Saint qui trône dans notre cuisine (San Expedito, le saint des causes urgentes), pour qu'il lui porte chance.
Elle se met exceptionnellement une montre pour aller à la messe de Pâques. Pour aller voir le curé, ça fait riche, bon genre, c'est bien connu...
Elle m'a fait connaître son amie Nicla, une autre italienne, une autre cuisinière hors pair, avec qui je vis encore. Une autre belle rencontre qui me fait penser que je ne suis pas ici par hasard.
Elle m'a fait découvrir avec ses copines compatriotes les plus belles chansons de leur pays et je leur en suis tellement reconnaissante.
Elle cuisine les pâtes comme seuls les Ritals savent le faire, et se demande encore pourquoi je ne touchais jamais les casseroles...
Elle a le don de faire monter les larmes aux yeux aux Argentins quand elle parle en italien, parce que ça leur rappelle leur grands parents.
Elle est toute fière qu'ici les descendants d'Italiens du Sud connaissent son bled, alors que les Milanais ne savent même pas qu'il existe.
Elle veut rentrer en Italie le matin, voudrait bien revenir à Londres à midi, déclare l'après-midi qu'elle ne s'est jamais sentie aussi bien qu'au Brésil mais le soir venu, après quelques verres de vin, perchée sur ses chaussures de tango, décrète que non, en septembre, c'est à Buenos Aires qu'elle reviendra... Encore un oiseau migrateur un peu déboussolé, on se comprend...
Soudainement, depuis son départ, mes affaires que je croyais perdues réapparaissent comme par magie, après un petit tour par son armoire, hija de p...

Difficile d'expliquer comment 3 mois à vivre ensemble, à l'autre bout du monde et de nos vies d'avant, suffisent à nouer une amitié si forte, mais les faits sont là, Carmencita sera toujours près de moi quand j'écouterai cette chanson. Buen viaje, te espero de vuelta, hija de p...




3 commentaires:

Anonyme a dit…

Quand j'ai aperçu le visage de Carmen sur ton blog, Fanny, avant de commencer à lire, je suis allée chercher ma dernière cigarette, je me suis versée un petit verre de rhum, et j'ai lu. C'est que Carmen, je l'ai découverte le premier soir à mon arrivée à Buenos Aires, avec ma douce Nicla, les 2 colocs de Fanny. Avec ces 2 là, l'entente fut immédiate! tout de suite, j'ai pensé que Fanny ne pouvait être qu'heureuse en si bonne compagnie. Incroyable, moi qui ne parle pas l'espagnol et encore moins l'italien, je comprenais presque tout, tellement le visage de Carmen est expressif. Je n'oublierai jamais nos fous rires et les textos que nous l'aidions à envoyer un certain midi au restaurant. Et puis, les yeux de Carmen, sa drôlerie, cette soirée jazz où elle nous a fait mourir de rire en expliquant en quoi nous étions si différents, les hommes et les femmes, un spectacle à elle toute seule, sa gentillesse et son désarroi parfois ...vraiment c'était dur de vous quitter les filles et je me sens bien seule ce soir.
Il me tarde de vous revoir
Anne-Marie

Anonyme a dit…

Rassure-toi, Fanou, je ne sombre pas dans le rhum. C'était juste un clin d'oeil aux Cubains!!!Et puis le blues, normal après les adieux de Johnny au Stade de France...

kelykely a dit…

désolée, on ne peut pas corriger ses fautes...